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Ecrits et peinture

30 mai 2011

Troisième extrait de mon troisième polar

40

 

Strasbourg

 

Du petit balcon de son studio, rue Marguerite Perey, Antoine Grass regardait cette grande maison bourgeoise qui datait de la période où les riches strasbourgeois venaient passer leurs fins de semaines à la Robertsau, ancien quartier maraîcher de la capitale européenne.

Âgé de soixante-douze ans, il refusait une opération de la hanche droite, laquelle l’empêchait pourtant de faire de longs déplacements. Sa seule sortie consistait à prendre le bus pour se rendre au sauna de la piscine du boulevard de la Victoire une fois par semaine.

Il passait le plus clair de son temps sur son balcon ou derrière sa fenêtre à observer ce qui se passait dans la rue.

Il aurait pu écrire un roman sur la vie de sa voisine d’en face qui recevait ses amants dès que son mari, fonctionnaire aux impôts, quittait le domicile conjugale. Il connaissait les horaires de sorties de son voisin retraité du dessous qui emmenait son affreux petit teckel aboyeur faire un tour du quartier qui durait invariablement une vingtaine de minutes. Il se mettait des boules Quiès dès que l’assureur du dessus rentrait, car il savait qu’une dispute allait s’engager immédiatement avec sa femme, querelle qui se terminait régulièrement par des grincements de lit précédant les cris de plaisir de l’épouse. Il se demandait combien de temps les jeunes médecins, qui habitaient sur le même palier, passaient avec leurs enfants en bas âge, alors qu’ils assuraient tous les deux à tour de rôle des permanences à la clinique Sainte Anne, et quelle pouvait bien être leur vie de couple.

Mais depuis quelques mois, toute son attention était mobilisée par cette maison qui l’intriguait.

Scotché derrière ses jumelles, il avait assisté à sa rénovation qui avait duré à peine six mois, et exécutée au prix certainement le plus fort : pelouse en rouleaux, végétation de luxe, meubles d’antiquaires arrivés curieusement dans des camionnettes minables, grilles de deux mètres opaques sur tout le pourtour, immense garage en sous-sol pouvant accueillir plusieurs voitures. Tout lui avait semblé hors normes et hors de prix.

Il n’avait pas réussi à identifier un propriétaire possible parmi les hommes en costumes qui venaient juger de l’avancement des travaux. Deux ou trois femmes seulement, qui semblaient toutes sorties d’une revue de mode, s’étaient présentées durant cette période. .

Il estimait la capacité de la maison à plus d’une vingtaine de pièces de tailles diverses, allant de la chambre de bonne à un grand salon de réception au ré de chaussée.

Depuis que les travaux étaient achevés, il n’avait pu encore distinguer d’habitants réguliers. Tous semblaient de passage et avoir plutôt une vie nocturne. Les fenêtres des chambres de bonnes ne s’éclairaient que tardivement dans la nuit, et plus souvent même dans le dernier quart..

Comme beaucoup de retraités qui n’avaient rien à faire de leurs journées, il se levait très tôt. C’est ainsi qu’il voyait même parfois arriver au petit matin des jeunes femmes, court vêtues, descendre de taxis et entrer dans la demeure, comme si elles rentraient chez elles après leur travail.

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22 mai 2011

Un passage du deuxième chapitre du troisième polar que j'écris actuellement

D’après les services de renseignements alliés, un Allemand sur quatre agissait volontairement ou involontairement au bénéfice des soviétiques. Il avait cru ce chiffre excessif et invraisemblable, mais il avait été de découvertes en découvertes dans le cadre de son travail.

En fait, trois cercles pouvaient être identifiés. Il y avait d’abord ce noyau actif constitué de la R.A.F. et de ses sympathisants. Certains affirmaient que certains Grünes, les verts Allemands, en étaient une autre expression. Les uns comme les autres étaient financés en grande partie en sous-main par la STASI ou par d’autres fonds provenant de l’Est. Ensuite, des militants actifs d’associations dites pacifistes ou anti-nucléaires et des groupuscules proches des partis communiste ou vert constituaient le second cercle et les gros bataillons. Ceux-ci avaient tissé sur l’ensemble du territoire fédéral un maillage de soutien logistique à la Chinoise assez efficace.

Le troisième cercle était constitué d’une multitude de personnes, un peu naïves ou idéalistes, qui voyaient entre autre dans tout uniforme l’expression du mal absolu, et qui pensaient que le mieux pour éviter tout conflit était d’abandonner tout esprit de défense : « supprimer les soldats et les hommes deviendront bons ». Les propagandistes les plus acharnés, et aussi souvent les plus écoutés, étaient les pasteurs luthériens. Tous ces gens préféraient ne pas voir et ignorer le danger représenté par l’Armée Rouge. Faire l’autruche est tellement plus confortable.

3 mai 2011

Premier chapitre de mon troisième polar.

Je vous propose la lecture du début du premier chapitre de mon troisième polar, lequel n'a pas encore de titre.

 

CHAPITRE I

 

Samedi 17 avril 1982, un nuage de cendres échappé d’un volcan islandais continue de perturber le trafic aérien. En France 25 aéroports sont fermés.

 

 

1

9h30

Les péniches de tourisme glissaient paresseusement sur le canal en direction de Strasbourg. Les femmes lézardaient sur les ponts des petites embarcations de tourisme pour profiter des premiers rayons de soleil. Joseph Kurtmeyer répondait à leur salut d’un petit signe de la main.

Il effectuait son troisième footing depuis le retour du printemps, conséquence de fermes décisions qu’il avait prises: au moins un par semaine.

Malgré les conseils de sa femme, il avait refusé tout l’hiver de monter sur son pèse-personne : « Cette saison ingrate est faite pour le repos du corps » disait-il, ce qui lui valait chaque fois un petit rire ironique de sa moitié, réaction dans laquelle il refusait de voir un double-sens quelconque. La surprise avait été d’autant plus désagréable quand un matin il avait voulu enfiler un pantalon un peu plus léger : impossible de le fermer.

-                     Jesus Maria !

 L’image que son miroir de pied lui rendait ne lui plaisait plus depuis longtemps, et, par  lâcheté, il évitait de s’y contempler, mais là, devant un tel constat, il s’était armé de courage et avait affronté Psyché. Il n’était pas réellement gros, non, pas vraiment : il avait simplement devant lui un corps sans tonus et blafard, un ventre mou et rond, des épaules tombantes et une poitrine creuse. Il pensa alors au film « La grande vadrouille » quand De Funès comparait son physique à un monsieur muscle, son voisin de douche.

Il eut un moment de découragement. Puis, il se reprit. Il lui fallait absolument réagir. Et, dès le samedi suivant, il était chez Décathlon. 

Sa première sortie se limita à un seul tour de l’Orangerie : conclusion, il lui fallut quatre jours pour se remettre de ses courbatures et de ses échauffements aux pieds. Sa deuxième sortie le conduisit dans la forêt de la Robertsau. Le démarrage fut dur, les muscles étaient encore raides, mais il réussit quand même à faire un petit circuit de trois kilomètres à une allure de sénateur.

Pour la troisième, il avait laissé sa voiture sur un petit chemin d’exploitation qui longe la digue du canal de la Marne au Rhin, à la hauteur de Souffelweyersheim, et avait entrepris de suivre l’ancien chemin de halage. Hector, son chien Setter, gambadait joyeusement devant lui.

Une revue spécialisée lui avait appris qu’il devait commencer par un échauffement généralisé de l’ensemble de ses muscles, mais se sachant encore un peu raide et maladroit, et craignant surtout le regard des autres, il avait laissé la dernière péniche rencontrée prendre un peu de champ avant de suivre ce conseil.

Pendant qu’il exécutait quelques mouvements du tronc, son chien était descendu de la petite digue, très attiré par ce qui ressemblait à une petite hutte en branchage perdue au milieu d’un roncier  inhospitalier.

-Hector revient !

Hector était un jeune Setter d’un an fort mal éduqué, et Joseph s’en faisait encore moins respecter que par sa moitié. C’est pourquoi l’animal ne semblait  absolument pas décidé à remonter, et bien déterminé au contraire à mettre à jour une trouvaille.

Après plusieurs appels infructueux, Joseph décida d’aller le chercher. Il avait plu pendant la nuit, la pente était glissante et il se félicita d’avoir conservé son pantalon de survêtement quand il glissa et atterrit sur les fesses dans un taillis de ronces et de branchages morts.  Il s’aida d’un des montants de la petite hutte pour se relever.

Une odeur à la fois âcre et douceâtre émanait de dessous les branchages. Cette flagrance avait attiré Hector qui avait fini par retirer sa découverte d’un mélange de terre, de feuilles et de branches: une chaussure masculine. Mais, ce qui surprit Joseph, c’est le fait que si cette chaussure était recouverte d’un peu de boue, elle était en excellent état. Il attrapa son chien par le collier, remonta sur la digue pour l’attacher, et lui retira son nouveau jouet de la gueule. Même si elle était bicolore et aurait bien fait rire son épouse si la fantaisie lui était venue d’en porter une identique, il vit de suite qu’elle était de qualité.

Il la posa sur le sol et redescendit vers la cabane.

A l’endroit où Hector avait trouvé la chaussure, un pied émergeait de dessous les branchages…

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